mercredi 27 juin 2012

L'utilisation de la MISA pour un projet d'ingéniérie technopédagogique


  1. Dans le cadre  du cours TED-6313 de mon DESS en Technologie éducative à la TÉLUQ, je développe un projet d’ingénierie technopédagogique, à partir de la méthode MISA (Paquette, Léonard et al. 2011)  destiné à développer un cours en auto-formation pour un cours d’« Orientation » d’un programme technique de niveau collégial.
  2. La méthode MISA (Méthode d’ingénierie des systèmes d’apprentissage) développée par le LICEF à la TÉLUQ propose donc une démarche très structurée de conception de systèmes d’apprentissage.
« Faire l’ingénierie d’un système d’apprentissage (SA) est un processus qui couvre toutes les activités de conception d’un SA, depuis l’identification des besoins d’apprentissage et de formation jusqu’à la mise en place du produit qui permettra aux apprenants de réaliser ces apprentissages, c’est-à-dire le système d’apprentissage.
La démarche d’ingénierie pédagogique permet aux différentes personnes qui collaborent à la conception et à la réalisation d’un SA de travailler efficacement et de prendre les bonnes décisions tout au long de son élaboration. MISA leur permet en effet de prendre appui sur des activités structurées, de se donner des jalons pour suivre l’avancement de leurs travaux et d’obtenir des représentations de plus en plus près du format final du SA. » (Paquette, Léonard et al. 2011)
La MISA comporte 6 grandes phases :
1. Définir le projet de formation et adapter MISA
2. Définir une solution préliminaire
3. Concevoir l’architecture du SA
4. Concevoir les matériels pédagogiques
5. Valider les matériels
6. Préparer la diffusion du SA
  1. La première étape du projet consistait à produire le Dossier de définition du projet de formation. Les éléments à préciser au cours de cette phase étaient les suivants :
    • 100 – Cadre de formation de l’organisation
    • 102 – Objectifs de la formation    
    • 104 – Publics cibles
    • 106 – Contexte actuel         
    • 108 – Ressources existantes        
  2. Pour parvenir à cet objectif, j’ai recueilli et analysé l’information nécessaire à la réalisation du projet. L’information colligée provenait :
    • De mon expérience comme enseignante du cours à plusieurs reprises,
    • Des informations privilégiées recueillies à travers ma participation à un groupe de travail sur le cours d’ « Orientation »,
    • Des évaluations d’enseignement complétées par les étudiants,
    • De documents internes à l’organisation,
    • Du site web du collège.
  3. Qu’est-ce que la réalisation de cette phase de mon projet m’a permis d’apprendre?
    • Le principal enseignement que je retire de cette première phase du projet de SA en utilisant la MISA est l’importance de la rigueur du processus. En considérant chacun des aspects imposés par le modèle on s’assure que toutes les dimensions de la situation ont été intégrées dans le projet : pratiques pédagogiques, priorités stratégiques, profils de clientèles, ressources, contraintes etc.
    • Bien entendu, compte-tenu de mon implication dans le projet, de la quantité d’information déjà disponible et de ma connaissance approfondie de l’organisation, de la réflexion collective continue que les professeurs du secteur et moi-même effectuons et des échanges qui en découlent, le recueil de données a été simplifié. Il n’a pas été nécessaire d’effectuer un recueil de données primaires. J’ai pu simplement exploiter les données secondaires à ma disposition. Celles-ci étaient largement suffisantes pour alimenter le projet.
    • En fait, je pense qu’une grande partie de l’information synthétisée dans le rapport du projet n’était pas indispensable à la prise de décision d’aller de l’avant ou non avec le projet. Ainsi, toute l’information concernant l’organisation et les pratiques générales d’enseignement de l’organisation n’étaient pas nécessaires à la prise de décision dans le cadre de ce projet. J’ai recueilli et analysé l’information nécessaire au fur et à mesure de l’écriture des sections mais dans ce cas particulier, je considère que j’ai passé beaucoup de temps à recueillir des données secondaires sur de l’information que je connaissais déjà, simplement pour justifier les décisions prises par rapport au projet. Cette partie du travail a été particulièrement fastidieuse. Cependant, encore une fois, je me trouvais dans une situation particulière et je perçois l’utilité du processus dans la grande majorité des situations.
    • J’aurais pu consulter davantage de personnes de l’organisation, en particulier pour valider la synthèse de l’information que j’ai effectuée mais j’ai décidé de sursoir pour deux raisons :
      • L’ampleur limitée du projet (qui vise un seul cours dans un programme) ne justifiait pas  d’investir davantage en recueil d’information;
      • L’organisation vit de profondes perturbations actuellement (réorganisation majeure, changements de directions, changements de système de gestion de l’apprentissage, gel des dépenses et de l’embauche etc.). Dans ce contexte, il était difficile de solliciter les décideurs.
    • J’aurais pu prendre l’initiative de créer un nouveau groupe de réflexion pour repenser le cours d’ « Orientation » mais cela se serait traduit par des délais majeurs dans la réalisation du projet. Il semblait plus efficace de réaliser le projet, c’est-à-dire de concevoir et produire le Système d’Apprentissage pour un programme particulier d’abord et de proposer, le cas échéant, de l’adapter à d’autres programmes par la suite.
    • J’aurais aussi pu consulter davantage les étudiants en organisant des groupes de discussion pour recueillir leurs suggestions mais ayant enseigné le cours pendant plusieurs années et ayant eu de nombreux  échanges avec les étudiants à ce sujet, il me semblait peu rentable de s’investir dans l’organisation d’une telle activité. Par ailleurs, la période de temps durant laquelle le projet a été réalisé n’était pas propice.
    • Malgré le caractère fastidieux de la démarche, dans le cas particulier de ce projet, j’en perçois tout à fait l’utilité car l’exercice m’a permis de structurer l’information dans ma tête et d’avoir une vue d’ensemble des facteurs pouvant influencer la réussite du projet.
    • Ma compréhension et mon appréciation de la MISA :
      • La MISA est une méthode dont la logique est facile à comprendre. Elle se rapproche des modèles de gestion des innovations tels que le modèle Stage Gate de Robert Cooper (Riopel P., Dionne N. et al. 2004). La complexité de la démarche se situe, au départ dans la compréhension de la terminologie utilisée. À cet égard, le Guide de réalisation du projet d’ingéniérie technopédagogique (Basque 2011) a été d’une grande utilité, de même que les documents descriptifs de la méthode développés par le LICEF (Paquette, Léonard et al. 2011), en particulier le  glossaire.
      • La partie la plus complexe de la synthèse, en ce qui me concerne, a été le niveau d’analyse à effectuer : du niveau micro au niveau macro. Ainsi, travaillant dans l’enseignement au niveau collégial, devais-je analyser les pratiques pédagogiques au niveau du programme, du secteur, de l’école ou du Ministère? Jusqu’où faut-il aller? Pour moi, la difficulté s’est située à ce niveau. Devrais-je prendre en considération les directives ministérielles concernant le développement de programmes de formation pour le développement d’un cours dont les objectifs et le contenu ne changeront pas?
      • Selon moi, dans le cas de projet intra-entreprise, la première étape de la MISA pourrait considérablement être simplifiée, non pas qu’il ne faille pas prendre en considération tous les facteurs mentionnés dans le descriptif de la méthode mais en limitant l’importance accordée à l’ED 100, cadre de formation de l’organisation, et surtout en limitant l’ampleur du recueil de données associé à cette partie de l’analyse
      • En conclusion, je considère la MISA comme une démarche très robuste mais complexe, qui combine les bénéfices d’une approche de gestion des innovations avec les pratiques pédagogiques les plus rigoureuses.
 

Références